Un espace-temps à méditer - Balade et méditation

Balade et méditation

Balade et méditation

Cet espace se veut une invite à une randonnée à travers les voies de la vie. Je souhaite la bienvenue à celles et ceux qui me rejoindraient sur ce parcours où nous ferons des haltes pour nous ressourcer.


Un espace-temps à méditer

Publié par Idir Ait Mohand sur 30 Avril 2015, 15:57pm

Par un jour ensoleillé de février, une vieille paysanne lança une boutade à l’adresse d’un mois de janvier plutôt froid et neigeux : vas te faire voir ami Yennayer, mes chevreaux sont sortis aujourd’hui !

Janvier qui n’avait que 30 jours, ayant été vexé par l’attitude de la vieille femme, pria février de lui prêter un jour pour laver l’affront. Aussitôt dit, février s’amputa d’une journée et l’offrit à Janvier qui, en un laps de temps, tourna en une bourrasque qui eut raison des biquets.

Cette fable, bien de chez nous, citée par Api (l’abeille du Djurdjura) lors des dernières neiges, remonte au calendrier agraire bien calculé par les Berbères au temps des Pharaons. Cette journée de tempête qu’on appelle « Amerdhil », c’est-à-dire « l’empreint » », est toujours d’usage dans le calendrier « Amazigh » dont le 1er jour de l’an correspond au 12 janvier du calendrier universel.

Considéré comme une survivance du calendrier Julien, le calendrier « Amazigh » auquel il ne reste que des vestiges, s’est étiolé au fil des temps pour ne subsister qu’à travers les contes anciens. Pour mieux comprendre ce qu’était l’agenda du peuple Amazigh, il faut se référer à toutes les réformes adoptées tout au long de l’histoire dont la dernière en date fut celle décidée par le pape Grégoire XIII.

Mon propos n’est pas de revenir sur la légende de la vieille en ces journées chaudes de printemps, ni sur le nombre de jours que comptent les différents calendriers de par le monde, mais de jeter un regard sur cet espace-temps qui bouleverse la physique et la philosophie.

Avant que « nos ancêtres les Gaulois » ne se décident à quitter le pays et de rendre à César ce qui appartient à César, il y avait et ils y sont toujours, nos ancêtres « les Arabes » qui nous ont bernés d’une façon magistrale jusqu’à nous faire renier, sans aucun complexe ni aucune gêne, nos vrais ancêtres.

Et « les amazighs » étaient partis pour une randonnée de plusieurs siècles à travers des sentiers tortueux où rien ne pousse sauf les épines et le rebut d’une vie amère qu’ils avalèrent jusqu’à la lie. Ainsi, se dessina le sort de ce peuple qui abandonna le calcul de son espace-temps pour le convertir à une autre échelle qui leur faussa toutes les données.

« Les amazighs » qui savaient si bien gérer leur espace-temps, étaient pris au piège et ne purent se dégager des rets où ils étaient pris pour toujours. Le filet était divinement tissé et les quelques tentatives esquissées, ici et là, pour y échapper n’auront servi à rien.

Aujourd’hui, qu’en est-il de ce pays millénaire qui s’apprête à célébrer son cinquantenaire comme si son histoire a commencé en 1962 ? Pour illustrer cette absurdité, un chef d’Etat français en visite officielle en Algérie, prononça ses premiers mots par une phrase lourde de sens : « la France historique salut l’Algérie indépendante », avait-il dit à sa descente d’avion.

Aberration de l’histoire ou reniement de soi, l’Algérien s’est confiné volontairement dans un moule qui n’est pas le sien et n’est pas prêt d’en sortir. Depuis les années de grâce ou les années d’aucune grâce qui composèrent cet espace-temps qui échappe à la raison humaine, rien n’a changé et rien ne changera.

Même si hier n’est plus aujourd’hui et aujourd’hui ne sera pas demain, l’intervalle qu’il y a entre le commencement et la fin ne se mesure pas. Au final, cette dimension n’aura qu’une valeur égale à néant, c'est-à-dire, le trépas qui prédomine en chacun de nous. Cette fatalité devrait nous inciter à dépasser toutes nos zizanies pour que la traversée du temps qui nous est alloué soit plus agréable.