L'insatiable prédateur - Balade et méditation

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Cet espace se veut une invite à une randonnée à travers les voies de la vie. Je souhaite la bienvenue à celles et ceux qui me rejoindraient sur ce parcours où nous ferons des haltes pour nous ressourcer.


L'insatiable prédateur

Publié par Idir Ait Mohand sur 21 Octobre 2015, 16:02pm

« Je voudrais parler une langue que tous les peuples comprennent, les pauvres sont mes amis et les sages sont mes frères », disait un philosophe. Mais voilà que l’homme, cet insatiable prédateur, incapable de semer le bonheur sur terre, fait tout le contraire de ce qu’il est sensé enseigner comme bien. Parmi toutes les créatures, la plus ambiguë étant l’espèce l’humaine, que n’a-t-elle pas inventé comme fourbi depuis la massue, en passant par la poudre à canon, jusqu’aux guerres intelligentes pour s’autodétruire.

Si l’homme a volontairement occulté le regard sur soi, c’est pour s’absoudre de tous ses crimes commis envers ses semblables. Que n’a-t-il pas fait pour s’autoriser tous les péchés perpétrés envers les autres règnes dont il est la locomotive. La difficulté qui réside en lui-même veut qu’il aille chercher des solutions là où aucun problème n’existe. L’homme, cette créature énigmatique, a commencé par circonscrire son regard sur son prochain, puis sur le pauvre animal avant de fourrer son nez dans le règne végétal qu’il a dénaturé. Ensuite, le voilà aux prises avec son environnement qu’il décida de transformer pour porter atteinte à la matière même.

La preuve étant établie ou inventée, peu importe le mode de pensée de chacun, est là pour démontrer que cette espèce étrange et inquiétante refuse toujours le bonheur ici-bas. En effet, le premier homme arrivé sur terre, non content du paradis qui lui avait été offert, osa outrepasser les instructions de son créateur pour piquer dans le fruit défendu. Dès lors, il fut chassé purement et simplement de cet éden qu’il ne mérite pas. Parmi tous les règnes, la créature humaine est de loin la plus avariée au milieu de tant d’autres.

Que sait-on du végétal qui naît, se nourrit, vit et meurt ? Qui peut affirmer ou infirmer que cette nature ne possède pas une âme ? En tout cas, ce qui est certain c’est que ce végétal est le règne le plus propre après le premier qui représente la matière. Ensuite, vient le règne animal, beaucoup plus propre que l’homme, même si c’est un charognard, son intérieur ne pue pas autant que celui de l’humain. Qu’on le veuille ou non, nous portons en nous-mêmes cette tare que tous les produits du monde ne peuvent nettoyer, étant entendu que les cosmétiques qui sont la création humaine, ne servent qu’en apparence.

La faune et la flore qui n’ont nul besoin de ces inventions pour rester propres, doivent inspirer le genre humain qui porte en son ventre une imperfection jusqu’à la fin de ses jours. Sa matière grise aussi obscure que sa couleur, ne lui est d’aucun secours pour se purifier. Il a beau se laver, se saupoudrer, se pomponner, le bipède restera un dépotoir ambulant jusqu’à ce que la nature se charge de se débarrasser du contenant de l’impureté. Transformé, il ne restera de l’individu que les troubles qu’il a semés sur son passage, en attendant que le temps efface toute trace de son existence. Mais d’ici là, il sévit en prédateur incontournable pour faire mal comme ce scorpion dont la mission est d’injecter son venin.

- Fais-moi traverser la rivière, dit un scorpion à une grenouille.

- Non, jamais ! Tu as un dard qui tue, répondit la grenouille.

- Je te jure que je ne te ferai aucun mal, répliqua le scorpion.

La naïve grenouille permit au scorpion de monter sur son dos et, une fois arrivés à l’autre rive, l’arachnide injecta de toutes ses forces son venin dans le dos de la grenouille.

 - Pourquoi tu as trahi le serment que tu m’as fait, hurla la pauvre grenouille.

- Mon rôle est de piquer, de faire mal et de tuer, si je ne le fais pas, je ne serais plus un scorpion.

L’espèce humaine étant ce qu’elle est, il serait vain d’espérer une métamorphose qui lui ferait changer de statut pour passer du genre humain connu pour ses exactions à un genre plus proche des règnes dont la nature est d’instinct plus clément.